Pour un engagement humain en Haïti : Erno Renoncourt publie une lettre ouverte au président français, Emmanuel Macron

By Rezo Nodwes -30 mars 2021

PAR ERNO RENONCOURT

Un confiné du shithole haïtien interpelle le président de la république de France pour lui parler de l’enfer que sa diplomatie contribue à mettre en éruption en Haïti

Mardi 30 mars 2021 ((rezonodwes.com))–

Monsieur le Président de la République de France,

Souffrez que par cette lettre, un confiné anonyme, mais insoumis et digne, du shithole haïtien, vient troubler vos multiples occupations pour vous interpeller sur la responsabilité de la diplomatie française dans le jeu cynique qui perpétue, en Haïti, un drame humain aux échos d’une indicible barbarie ; laquelle, du reste, a été initiée par les glorieux héros de votre histoire.

Mais, c’est l’autre versant sanglant, invisibilisé, meurtri et déshumanisé de cette histoire que je me propose de vous faire revisiter à l’aune de ce contexte politique insoutenable de médiocrités qui propulse Haïti vers une nouvelle barbarie. J’espère ardemment que cette lettre trouvera une brèche pour s’échapper de l’imposante précarité qui règne dans le shithole et parvenir à vous ; et mieux encore, j’espère que vous aurez l’humaine disponibilité pour trouver le temps de vous intéresser à ce drame dans lequel vous êtes plus que jamais acteur de premier plan

Comme vous le comprendrez, par sa tonalité insolente, ma démarche est pleine de tumultes et de colères. Pour cause, je suis en plein cœur du théâtre infernal qui déshumanise mon pays.  Aussi, je me laisse dire que le féru de culture que vous êtes saura déceler par la lumière de l’étendard des droits humains dont votre pays revendique le monopole, derrière le bruit, le message vivant et humain qui veut relier le présent au passé pour  »désembrumer » l’avenir. Ainsi je me permets de vous proposer de partir du présent instable de la situation haïtienne pour mieux contextualiser les errances passées de la diplomatie de votre pays, notamment dans le génocide Rwandais.

Monsieur le Président, je ne vais pas aller par quatre chemins, je vais vous dire que c’est dans le présent que les hommes dignes et les hommes d’honneur agissent pour réparer les torts du passé. Vos prédécesseurs vous ont laissé la lourde tache de rectifier les erreurs qu’ils auraient pu réparer avec le Rwanda et peut être aussi ailleurs.

Alors que, sous vos yeux jupitériens, le même drame se joue en Haïti, vous feignez de ne rien voir, vous ne voulez rien savoir, vous jouez de votre pouvoir comme d’une spectacle pour esquiver vos responsabilités. Car vous avez surtout peur de décevoir un puissant ami qui vous entraine dans son éternelle théâtre de guerre, à moins que l’ivresse du sang et des mutilations de pauvres nègres ne vous paraisse comme le signe de votre destin jupitérien.

Si je vous parle avec tant d’insolence, c’est parce que j’ai choisi d’habiter mon pays et que je serai au premier rang de ceux et de celles dont la vie sera fauchée par l’indigence que vos agences, vos diplomates, de nombreux de vos experts, vos fonctionnaires humanitaires ont fait régner pour leur succès personnel.  N’ayant plus rien a perdre je viens par cette lettre vous dire que l’histoire attachera votre nom personnellement au drame qui se joue en Haïti.

Car, après s’être enrichie du travail forcé, barbare et inhumain des esclaves d’Afrique pendant 3 siècles, après avoir rançonné Haïti pendant des décennies, en la faisant payer une fortune pour la reconnaissance de son indépendance, après avoir cautionné la dictature des Duvalier, après avoir aidé Duvalier à dilapider les ressources d’Haïti,  après avoir soutenu et fermé les yeux sur la corruption et les crimes de sang du pouvoir Tèt Kale pendant 10 ans, après vos exploits inhumains au Rwanda,  voici votre chère et douce France, fidèle à une longue tradition d’imposture et à un passé barbare, qui s’apprête à participer, à cautionner, à financer un génocide en Haïti, sous la forme du viol de la dignité de la population haïtienne.

Votre pays assiste ainsi les États-Unis, notamment Joe Biden, dans leur éternel rôle de génocidaire et de fossoyeur des peuples libres. À vos côtés, se trouve, comme de bien entendu, le talentueux Justin Trudeau, seigneur et maitre du Canada, toujours indétrônable dans son rôle de suiveur de porte fusil des États Unis.

Monsieur le Président, je vous ai nommé, vous et vos pairs, pour que ceux qui viendront après vous aient le courage de dire que ce ne sera pas nécessaire de faire des commissions, puisqu’on connait les acteurs, les sponsors, les promoteurs. Ce ne sera pas utile d’envoyer de l’assistance humanitaire, puisque ce sont toujours des rapaces qui, en internationale escroquerie, viendront se partager les fonds comme depuis 60 ans.

Monsieur le Président, c’est en amont que les hommes d’intelligence agissent, par anticipation, en mobilisant le maximum d’informations dont ils disposent pour décider responsablement afin de faire jaillir une étincelle et permettre à la lignée humaine de se frayer un chemin vers son rude devenir. Je combine, dans cette phrase, monsieur le président, Edgar Morin, l’un des plus remarquables penseurs de votre pays, et Jacques Stephen Alexis, la plus belle âme qui a coulé des mains de l’humanité pour échoir en Haïti et laisser ces notes qu vibrent du même humanisme que celui que nous croyons entendre dans la pensée morinienne.

Que ce serait pénible de savoir que l’humanisme de vos penseurs n’est qu’une imposture qui revisite le même racisme rythmant les rapports entre blancs et noirs depuis l’esclavage : tout par et pour les blancs !

Au nom de cet humanisme reliant Morin et Alexis, agissez, monsieur le Président. Dites à votre ambassadeur en Haïti de se désolidariser de cette barbarie en œuvre. Convoquez le conseil de sécurité et faites entendre votre voix pour que cesse l’imposture des Nations Unies dont la médiocrité des petits fonctionnaires envoyés en Haïti ne cesse de semer l’indigence pour leurs petits succès.

Quand on peut éviter une défaillance, on la stoppe et on s’arrange pour que les responsables soient punis. Laissez-nous être acteurs de notre destin. Nous avons dit non à cette barbarie. Pourquoi la voix d’un Russe, d’un Chinois ou d’un Vénézuélien en dissidence contre les régimes de leur pays a-t-elle plus de valeur que celle de millions de noirs ?  À moins que ce soit le jeu d’un business fructueux d’escroquerie qui déstabilise, déshumanise, puis envoie l’armée des imposteurs humanitaires pour renforcer ce que des fossoyeurs ont détruit auparavant.

C’est maintenant qu’Haïti a besoin de la solidarité des hommes dignes, et non quand il faudra mobiliser des fonds qui serviront à enrichir les experts et les escrocs internationaux. Vous avez été au premier rang pour défendre la démocratie américaine contre les assauts de Donald Trump, faites autant et même davantage pour Haïti. Ce pays pris en otage par des forces puissantes qui l’enchevêtrent dans les structures d’une barbarie séculaire, est en train d’être pulvérisé. L’image illustrant ce plaidoyer pour un engagement humain décrit ce drame.

Il est temps d’arrêter avec les impostures, plus personne n’est dupe. Haïti est le miroir éclatant qui renvoie, depuis toujours, l’insoutenable médiocrité du monde occidental. Dans une barbarie planifiée, il y a tout une chaine de complicités. Par ce message je vous associe devant l’histoire à ce qu’il adviendra en Haïti. Il est temps que chacun assume, l’affreuse laideur de ses horreurs !

Un citoyen insolent, insoumis, intranquille confiné dans son shithole.

Erno Renoncourt

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